Que y as-tu gagné ?

Que y as-tu gagné ?

J’ai appris à marcher dans le noir. C’est tout.
Je veux dire, vraiment, ce n’est pas qu’une métaphore… j’ai appris à marcher dans le noir.
Quand je ferme les yeux, je ne perds plus l’équilibre — je peux toujours danser. Et même plus habilement que les yeux ouverts !
En fait, ça ne donne justement plus du tout envie de les rouvrir. Je pourrais passer ma vie à les garder fermés.
Et je ne dis pas que je me porterais mieux si j’étais aveugle, non… j’aime bien trop les couleurs. Disons simplement que le plaisir des yeux a justement souvent tendance à nous rendre aveugles.
Aujourd’hui, je vois clair. C’est limpide. Ouverts ou fermés. Même si j’avoue que l’on se sentira toujours plus à l’aise dans l’obscurité. Derrière les paupières, il n’y a pas d’illusions pour paralyser le regard.
Enfin… au moins, elles vous appartiennent. Il ne tient plus qu’à vous de les dissoudre.
Faire disparaître celles du « réel », ça… c’est plus compliqué. Il vous rappelle toujours à la grande pulsation sanguine qui ne ralentit que dans la nuit.
Donc, oui, j’ai simplement appris à marcher, à danser, et à voir dans le noir. À laisser la Mort se vêtir des tissus de la Vie.

— La mort en phase.