L’onde et les briques

L’onde et les briques

Je suis le poète des sans-abris identitaires ; l’accroche de ceux pour qui les accroches ne s’accrochent plus vraiment.
Celui qui s’éteint là où les autres se remuent sans cesse pour tenter de trouver ce qu’ils ne pourront jamais chercher.
Je flirte avec les mécanismes de ceux-là, en espérant qu’ils finissent par apercevoir le miroir dans lequel ils ne font que se refléter… à l’infini.
Je n’ai pas de vie ; pas de mort non plus. J’ai simplement toujours été, derrière leur marbre mental.
Ils ne peuvent pas me voir, puisque je ne peux pas être regardé — c’est moi qui regarde.
Comment un regard pourrait-il se porter sur lui-même ? Comment pourrais-je être autre chose que celui qui voit ? N’est-ce pas sous le battement de ces cils que l’on est vraiment ?
Au fond, tout cela est simple : peux-tu être une onde, traversée par son propre mouvement ? Ou fabriques-tu des briques une fois que tu te trouves sur l’une de ses crêtes ?

— L’Œil de l’œil.