Les bénéfices du néant

Les bénéfices du néant

Imaginez que vous vous asseyiez juste là, fermiez les yeux, puis vous concentriez sur absolument rien pendant un temps long.
Je veux dire, vraiment… que vous arriviez à rester... je ne sais pas... disons une heure, sans aucune pensée — vraiment rien du tout. Qu’à aucun instant vous ne soyez rattrapé par quoi que ce soit. Que vous restiez simplement là, avec ce seul néant qui vous traverse.
Ne pensez-vous pas qu’il s’y passerait des choses absolument formidables ?
Peut-être pourrait-on penser que cela est paradoxal, car comment pourrait-il se passer quelque chose dans le néant ? Mais c’est justement là toute la subtilité : ce vide ne l’est que pour le mental — pour le vide lui-même, il est absolument infini !
Vous accédez là à une réalité encore plus réelle que celle dans laquelle vous étiez, les yeux ouverts. Et qui, en plus, vous fait bien mieux comprendre et vivre cette dernière.
Le glitch ultime, c’est quand vous parvenez ensuite à rester dans ce même état... les yeux ouverts — là, vous savez que vous avez définitivement compris quelque chose.
Et... je sais, il est probable que les mots 'aucune pensée', 'une heure' et 'néant' soient fortement décourageants. Pourtant, il faut bien comprendre que ceci est extrêmement simple — cela n’est difficile que pour votre mental, en aucun cas pour vous.
Tout le monde a accès à cela, il suffit de placer son regard sur lui-même. Ou, plus simplement dit : sur vous-même. Sur cette simple conscience d’Être, là, maintenant... en train d’exister.
Tenez, quand vous réfléchissez par exemple… que se passe-t-il ? Il y a évidemment la chose qui réfléchit : les pensées, les raisonnements et les objets mentaux qui apparaissent. Puis il y a l’autre chose, celle qui est le sujet de cette opération, n’est-ce pas ? Et, par-dessus tout, cette même chose n’est-elle pas simplement celle qui regarde toute cette situation se tramer ? Eh bien, c’est simplement de cela dont on parle.
Vous n’avez même pas besoin de méditer, vous avez juste à parvenir à basculer entre l’état où vous êtes l’objet pensé et celui où vous êtes le sujet qui pense l’objet — le regard qui se pose sur ce dernier —, puis à laisser défiler les images, les pensées, et tout le reste... glisser juste là, devant vous.
Et, une fois que vous y êtes — peut-être est-ce là, maintenant —, essayez simplement de le maintenir un peu.
Si vous arrivez à faire cela suffisamment longtemps et intentionnellement, vous allez, progressivement, passer au travers des pensées. Au point où elles finiront même par se dissoudre totalement, ne vous laissant plus qu’avec vous-même.
À ce moment-là encore, maintenez cet état. C’est lui qui vous enseignera la suite.

— Le méditant non méditant.