Le manifeste du surhomme

Le manifeste du surhomme

Si toutes ces choses ne sont que des symboles, de simples jouets pour remplir notre espace mental de vérités ayant échoué à véritablement se trouver : qui est le grand Maître du Jeu ? Le scientifique — celui qui fait de ses formules des vérités auxquelles se raccrocher pour ne pas avoir à réellement l'affronter, celui dont la raison ne se résume plus qu'à un harakiri ? Le religieux — celui qui fait de ses représentations des vérités tout aussi immuables, les prie tout en les rendant trop humaines, et les vénère pour qu'elles puissent continuer à s'engrosser de son adoration ? Ou... l'Artiste — celui qui compose, sans trop y croire, avec cette masse de formes informes, simplement afin de mieux les faire taire ? Qui des deux : la créature ou l'homme qui pense, sent, danse et chante en tenant un iPhone trente-sept dans une main, et un livre dont l'intemporalité a contraint le temps à se retirer de ses pages... dans l'autre ; calme, intense mais sans intention, un bâton d'encens coincé entre les dents, et un calumet calé au coin des lèvres ? Dites-moi, qui ? Celui qui abandonne son être et son devenir, son expérience et son identité dans des photos souvenir avec lesquelles il se met alors à les reconstruire sans cesse ? Ou celui qui s'en sert qu’afin de mieux les faire mentir — celui qui trouve la vie au fond d'un abysse sans lumière, comme sur les plus hauts sommets... enneigés par l'éclat de l'obscurité ? Celui dont la logique est si efficace qu'elle ne donne même plus envie d'être écoutée ? Ou celui qui détient celle dont l’efficacité passe justement par l'aptitude à ne pas avoir besoin d'être efficace, précisément parce qu'elle ne traite plus que de ce qu'elle ne pourra jamais traiter ?
Le silence dans lequel s’épanouissent ces réponses, lui, le sait bien : le manifeste du surhomme tient en un aphorisme — quoique, même si celui-ci n’était constitué que d'une virgule, ce serait déjà trop.

— L’homme qui n’a plus besoin de ‘sur’ pour le précéder.