Je souffre.

Que veux-tu que je te dise ?
Un jour, tu finiras par être lassé, et alors ce sera pire encore. Car tu souffriras dans le vide — tu en auras perdu la cause.
La souffrance n’aura plus de prise, donc elle y tombera. Et, durant la chute, tu verras ces choses qui te déclenchent, mais tu n’y croiras plus car tu n’auras plus le temps pour ça : tu seras bien trop occupé à te diriger vers le sol — ou vers le ciel.
Tu constateras tous ces narratifs tentant de s’auto-former sans y parvenir ; tu constateras simplement qu’ils ne sont pas toi, que ce sont juste des choses inutiles que tu as accumulées.
Alors, une nouvelle fois, tu finiras par être lassé.
Ils ne disparaîtront pas bien sûr ; c’est simplement que tu les dépasseras par un à.quoi.bon dans lequel tu te sentiras renaître.
Toutes ces choses ne t’apparaîtront que comme bien dérisoires en comparaison de ce nouveau sentiment auquel tu tiendras tant — justement parce qu’en réalité, tu sauras que c’est lui qui te tient.
Tes maux ne deviendront plus que de bonnes blagues — et les mots que tu leur appliques, de mauvaises.
Et, après cela, il ne restera finalement plus qu’un silence dans lequel la plus extatique des douleurs pourra s’épanouir — car elle se sera extraite de la souffrance.
Toutes ces boutades ne voudront alors plus rien dire.
— L’heureux condamné.