Je — là, maintenant.

Je — là, maintenant.
Ici, le ressentiment et l’arrogance ne sont qu’effets de style.

Dis-moi « spirituel », je te demanderai… dans quel sens ?
Parles-tu de ces symboles, de ce bruit incompréhensible qui t’assaille ? Ou parles-tu de ce que tu as trouvé après eux ? Ne serait-ce que de ce que tu penses — faussement — pouvoir peut-être trouver après eux ?
La vérité est que… ce mot, que l’on a tant essoré, ne retransmet désormais plus le moindre soupçon de sagesse — ce n’est qu’une marchandise de plus.
Tu ne parles bien souvent que de celle qui se fige, s’oublie dans des formes qui deviennent des refuges, et, ultimement, des prisons qui te permettent de ne pas avoir à réellement l’affronter.
Je chéris de ma haine sans fin toutes tes idoles — toutes celles-là, qui ont aussi été les miennes.
Tu as tué tes dieux — ton dieu ! Et tu t’es laissé dépourvu de toi-même.
Tu en as fait du profit, de la « science », et tous leurs produits dérivés — ou une diffuse idole, puis une autre, et encore une autre…
Tu l’as perdu, en ne cessant de vouloir en multiplier le reflet.
Dépouille-toi de tout — surtout de ce que tu as de plus sacré.
Retourne tout, inverse tout ; ne cherche plus rien à l’extérieur, regarde en toi-même — en quête de la vérité nue, celle qui fait mal tout en étant somptueuse, celle qui s’efface et te rend fou à chaque fois que tu essaies d’en faire quelque chose.
Justement, appelle-la « vérité » et tu auras déjà tout perdu… sauf si, en fait, il se trouve que tu la connais.
Brûle, ou laisse-toi consumer par ce à quoi tu tiens le plus ; par ce dont tu souffres le plus ; par ce et ceux que tu aimes le plus.
Ne t’attache pas trop à toutes ces formes qui, comme des vautours, surplombent la fosse de ta mort symbolique.
Ceci est ton seul espoir de retrouver un peu d’unité et de dignité personnelles dans cette perpétuelle division où ton fantôme est projeté.
Mais bon, en réalité, il y a bien plus de chances pour que tu y restes. Là, identifié à tes nouveaux dogmes, à ta prétention stérile, à tes doctrines fragmentées et à ta spiritualité zombifiée.

— Le vrai destructeur des mondes.