Être prêt à mourir

Être — véritablement — peut se résumer à se sentir prêt à mourir — là, maintenant, en chaque instant. Mais sans pour autant le désirer.
Si tu sais te sentir ainsi, rien n’échappe à ton regard. Rien ne peut Être sans que tu ne puisses le connaître. Rien n’existe plus à l’extérieur de toi — et tout de toi, existe à l’extérieur.
Et pourquoi en va-t-il ainsi ? Tout simplement parce qu’en acceptant la mort — de tout ton Être — tu cesses de vivre comme si tu étais immortel — c’est-à-dire dans le futur, à partir du passé que tu as construit. Et alors… tu le deviens. Tu deviens l’ineffable présence qui est naturellement la seule chose qui puisse Être.
Dis-moi, si la mort n’est plus un problème, quel autre problème pourrait-il encore en être un ? Si tu désires la vie tout en acceptant la mort, alors tu vis tel que la Nature l’a voulu. Plus personne et plus rien ne compte, donc tu peux enfin commencer à prendre soin de chacune de ces choses.
En vérité, la Vérité est telle que la souffrance ne peut provenir que de deux types d’attitudes : refuser la vie et glorifier la mort ; ou à l’inverse, glorifier la vie et refuser la mort. Les uns se suicident, les autres vivent sans jamais se rencontrer, enlisés dans leur culte des formes.
Il n’y a donc qu’à glorifier et refuser chacune des deux, afin d’être délivré de soi-même — et ainsi véritablement le devenir, l’Être. Car seul l’Être peut comprendre que la vie n’est rien de plus que le Grand Jeu auquel la mort s’adonne.
— La mort vivante.